Benjamin Kyle P. • In love with the world through the eyes of a girl.

Ils n’avaient rien du tout en commun. Lui était l’espoir sportif de son école et, elle, elle était l’espoir académique de l’école. L’un participait aux tournois sportifs et revenait avec une médaille d’or et un trophée sous une pluie applaudissement et de cris des autres élèves – et même professeurs, surveillants et directeurs – tandis que l’autre revenait de ses concours de mathlète avec une médaille d’or, une bourse de quelques centaines de dollars pour financer l’achat de matériel plus sophistiqué et aucun applaudissement. En fait, personne ne remarquait qu’elle et ses quelques amis intellos n’étaient pas présents cette journée là. Il y avait simplement Mme. Rosenberg, la professeure de mathématiques, qui était là pour les féliciter quand ils entraient dans sa classe, une médaille d’or au cou.

Et pourtant. Ils étaient amoureux l’un de l’autre. C’était un couple qui était incompris et méprisé. On croyait que lui était dans une drôle de passe et qu’elle était trop désespérée pour remarquer qu’il se moquait d’elle. Ils avaient tout faux. C’était l’amour, le vrai. Les années passèrent et l’amour des deux jeunes ans résista à tous les cours durs, épreuves et embuches qu’il rencontra sur son chemin. A leur dernière année d’université, ils se marièrent. Un beau mariage ; simple et chaleureux. À l’image du couple. Le jeune homme étudiait en journalisme tandis que la damoiselle étudiait la photographie. Son cours couvrait l’ensemble du domaine, mais, son truc à elle, c’était surtout les photographies artistiques ou les photos prises spontanément. Elle aimait quand le professeur donnait un projet où il fallait, par exemple, acheter un album photo et le remplir de photos de personne qu’on croiserait dans la rue qui partageait un bon moment ou qui, au contraire, semblait au comble du désespoir et, ensuite, leur trouver un nom et une histoire. Puis, finalement, il fallait aller aborder cette personne et apprendre quel était le réel prénom de sa personne et quelle était la réelle émotion véhiculée.

Des années plus tard, Mme. Parker était enceinte et gagnait de l’argent en étant photographe pour occasions spéciales telles que les mariages, les anniversaires ou les baptêmes. Quant à lui, Mr. Parker travaillait comme journaliste sportif. D’ailleurs, il s’occupait surtout de couvrir le hockey. En particulier les matchs des Flyers de Philadelphie et même les matchs de leur club-école : les Phantoms de Philadelphie. Plus jeune, il avait lui-même été joueur de hockey. Toutefois, il n’était jamais parvenu à être repêché dans un niveau supérieur à celui de hockey junior AA. Il décida donc de terminer ses études ne croyant pas son rêve devenir réalité un jour. Les gens aimaient ses textes et sa façon d’aborder les choses avec toujours une touche d’humour et un brin de sarcasme. Pourtant, lui, il détestait la censure de son patron et ses exigences ridicules. Quelques ans plus tard, le temps d’amasser suffisamment de fonts et d’amis prêts à l’aider, Heartbreaker était né. Un magasine écrit par des hommes pour des hommes. Un vrai petit bijou qui, dès ses premiers numéros, faisait fureur.

Le premier enfant né de l’union de Mr. & Mme. Parker naquît durant une chaude journée de printemps. Le vingt-troisième jour d’avril de l’an mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq, pour être précis. C’était un grand bébé, le genre qu’on n’a pas peur de casser tellement il semble fragile. Mr. Parker était des plus heureux. Il voyait déjà en son fils vieux de quelques jours un futur grand joueur de hockey. Il était grand et il serait fort et courageux comme son père. N’avez-vous donc jamais remarqué cette ridicule tendance qu’on les parents à toujours mettre sur un piédestal leurs enfants ? C’est normal d’être fier de sa progéniture, du fruit de ses entrailles, mais, après tout, il ne peut pas y avoir plus d’un seul président des États-Unis à la fois, non ? Et puis, ça prend des gens qui gagnent leur vie en faisant des sandwiches. Sinon, comment les gens trop occupés pour se faire eux-mêmes à manger vont-ils survivre ?

Finalement, Mr. Parker n’avait pas tord. Son fils était bel et bien grand et costaud, pour son âge. Dès son plus jeune âge, il partait faire des excursions dans le jardin ou dans le jardin du voisin, prêt à affronter n’importe quel grand monstre qui pouvait bien se trouver là, caché derrière toutes ses branches et toutes ses feuilles. Les frères et sœurs de Mr. & Mme. Parker s’amusaient à chaque réunion de famille à taquiner les heureux parents du petit Benjamin, car il avait toujours sur lui des égratignures ou des contusions ici et là, sur les bras, les jambes et le visage. « Non, mais, avouez-le, vous le battez ce pauvre petit ! ». Bien sûr, ils disaient ça à la blague. Il fallait être aveugle ou complètement idiot pour ne pas remarquer que le marmot se conduisait en casse-cou la plupart du temps. Protégé par sa cape de super héros, il courait et sautait partout.

Benjamin avait également une petite sœur. Il ne l’aimait pas trop. Ce qui est étrange étant donné qu’ils n’avaient qu’une seule année de différence et qu’elle était tout autant adorable qu’il pouvait l’être. Il n’y pouvait rien, il n’arrivait pas trop à la supporter. Sans jamais aller jusqu’à la blesser, il pouvait la pousser pour qu’elle lâche ses jouets ou la faire pleurer en lui volant ses poupées. Il n’aimait pas quand elle décidait de le suivre et il parvenait toujours à le lui faire comprendre. Étant donné que le magasine de Mr. Parker semblait devenir de plus en plus populaire d’heure en heure, la famille Parker était très riche. Benjamin ne comprenait pas pourquoi Caleigh-Ann n’arrivait pas à trouver son bonheur parmi ses jouets à elle et qu’elle devait toujours venir jouer avec les jouets qu’ils lui appartenaient. Les meilleurs souvenirs d’enfance de Benjamin restent les moments passés avec son père à faire des activités typiquement masculines. Ils regardaient le sport à la télévision, ils allaient faire des ballades dans un des véhicules de Mr. Parker, ils allaient voir des films d’action au cinéma, ils assistaient à un match de hockey des Flyers et, après chacune de ces activités, Mr. Parker amenait son fils manger une glace.